Souffle d’innovation dans la réhabilitation de la Manufacture des Tabacs

La reconversion de l’ancienne Manufacture des Tabacs à Strasbourg a été l’occasion d’appliquer le BIM à un bâtiment inscrit aux Monuments historiques.

Les bâtiments inscrits aux Monuments historiques ne sont pas hermétiques au BIM. Construite entre 1849 et 1866 à Strasbourg, la Manufacture des Tabacs se cherchait un avenir depuis sa cessation d’activité en 2010. La société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg (SERS) s’est porté acquéreur de cet îlot de 1,4 hectare en plein centre historique, avec un projet de reconversion ambitieux dans ses cartons. La SERS a eu recours au BIM pour traiter une partie des 21.500 m² de surface de plancher organisés autour d’une cour intérieure.

Concrètement, la société publique a adopté la maquette numérique pour réhabiliter 8500 m² en vue d’y aménager une auberge de jeunesse de 264 lits, un pôle dédié à l’innovation et à l’accompagnement de start-up, une épicerie et un magasin de producteurs locaux, ainsi que des espaces de restauration.

L’autre partie de 13.000 m² accueillera trois établissements de l’enseignement supérieur.

Il nous a semblé intéressant d’expérimenter la conduite d’un projet en BIM dans le cadre d’une réhabilitation, sur un bâtiment classé Monument historique, commente Éric Hartweg, directeur opérationnel à la SERS.

eric hartweg

Eric Hartweg © Philippe Bohlinger

Dans le cadre de cette première expérience, le projet a été développé selon cette méthodologie jusqu’au stade des appels d’offres. Par ailleurs, par souci d’accompagner la maîtrise d’œuvre menée par AEA Architectes, la SERS a sollicité le Pôle de compétitivité Fibres-Energivie comme assistant à maîtrise d’ouvrage sur le volet BIM.

Fibres-Energivie a commencé par convertir les données d’un plan en deux dimensions en maquette numérique 3D. Les études d’avant-projet se sont engagées sur cette base, avant de connaître un brusque coup d’arrêt.

Nous avons relevé des points suspects sur la maquette numérique en phase APD, principalement dans les combles au niveau de la pente des toitures et de la dimension des certaines lucarnes. La précision de la maquette 3D était en effet assez rudimentaire en raison de la modélisation en 2D initiale. Il manquait aussi le relevé de corniches, des poteaux, la modénature de façade. Les relevés complémentaires effectués in situ ont rapidement mis en évidence des erreurs dues à des structures cachées, des poutres mal positionnées, etc., analyse Éric Hartweg.

Relevé par nuage de points

Afin d’affiner la maquette numérique, Fibre-Energivie et le bureau d’études OTE Ingénierie ont proposé un relevé par nuage de points ou scan 3D. La mission confiée au cabinet D-TECH a permis de corriger les suspicions relevées, mais aussi de légers décalages de niveaux, de structures déformées, etc. Le projet a pu poursuivre sa bonne marche, avec une attribution des premiers marchés de travaux au printemps 2019, en vue d’une livraison début 2021.

Par ailleurs, l’expérience de la SERS a fait l’objet d’un retour d’expérience le 5 juillet 2018 dans le cadre de l’association Architectes et maîtres d’ouvrage Alsace, Lorraine et Franche-Comté.

Nous pensons que le scan 3D devrait être intégré dès la phase diagnostic, afin d’éviter d’éventuelles reprises d’études. On pourrait par exemple missionner un prestataire avant concours, afin qu’il fournisse une maquette de l’existant sous format IFC en niveau de détail LOD 100. Le relevé 3D inclurait une tranche optionnelle permettant le montage ultérieur de maquettes numériques de tous niveaux de définition, suggère le directeur opérationnel à la SERS.

En savoir plus : Manufacture des Tabacs : l’avenir d’un joyau du patrimoine industriel (Strasbourg.eu)

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