BIM pour les architectes : "Le BIM implique une grande rigueur dans le dessin"

Le cabinet strasbourgeois Urbanetic architectes et urbanistes a bouleversé ses méthodes de travail pour franchir le cap du BIM et de la modélisation 3D, avec l’appui de BIM ENERGIE (Pôle Fibres-Energivie).

Comment votre cabinet s’est-il converti au BIM ?

Carine Jund : Nous avons répondu à un concours lancé par CUS Habitat dans lequel la compétence BIM était requise. Il s’agissait de bâtir un collectif de 16 logements dans le quartier du Neuhof à Strasbourg. Dans le dossier de candidature, une étude d’esquisse en format numérique 3D était attendue. Nous avions l’intention de franchir ce cap, dans la mesure où la quasi-totalité de nos confrères travaillent désormais en trois dimensions. Le concours pour lequel nous avons été lauréat à l’été 2017, a été l’occasion de nous former au BIM.

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Nataheli Vogt et Carine Jund ont piloté l’évolution du cabinet d’architectes vers le BIM © Philippe Bohlinger

Qu’avez-vous mis en place pour concevoir ce premier projet en BIM ?

Nathalie Vogt : La mission de maîtrise d’œuvre pour CUS Habitat prévoyait de conduire en BIM les phases APS, APD et PRO. Elle a impliqué que le cabinet migre du logiciel AutoCAD en deux dimensions à ArchiCAD en trois dimensions. Un bouleversement ! Nous avons dû remplacer une partie du matériel informatique et toute l’équipe projet a suivi six jours de formation au maniement du logiciel.

Afin d’accompagner notre cabinet dans ce projet en BIM niveau 2, CUS Habitat a confié une mission d’AMO au Pôle Fibres-Energivie. Le Pôle nous a aidé à réaliser les opérations de BIM-Management ainsi qu’à monter en compétences sur la gestion d’un projet en BIM. Il réceptionnait et contrôlait à chaque étape les maquettes 3D fournies par l’architecte, les BET Structures, Fluides et Electricité.

En quoi l’expertise de Fibres-Energivie vous-a-t-elle encore été utile ?

N.V. : Dans la mesure où nous démarrions sur ArchiCAD, Fibres-Energivie a apporté une méthode de travail, ainsi que les règles de base pour concevoir une maquette numérique. Le Pôle nous a guidé sur la manière de représenter les objets. Il nous a incité à élever le bâtiment niveau par niveau plutôt que commencer par dessiner sa structure.

D’une manière générale, la méthode de travail en BIM implique une grande rigueur dans le dessin. Il faut conserver constamment à l’esprit que les données virtuelles sont susceptibles d’être converties en pièces-écrites dans le cadre des appels d’offres de travaux.

Quels sont les freins à la généralisation du BIM ?

C.J. : Pour les petits cabinets, se convertir au BIM constitue une charge financière très lourde. Il faut investir dans des logiciels, dans la formation, mais aussi dans du matériel informatique. La difficulté réside également dans la nécessité de spécialiser un ou deux personnes à l’utilisation d’outils numériques, alors que le cœur de notre métier demeure la construction de bâtiment ! La problématique des formats de fichiers peut également constituer un frein. Auparavant, nos fichiers AutoCAD servaient de support aux BET. Aujourd’hui, les intervenants travaillent sur des fichiers « sources » spécialisés en architecture, en fluides, etc. Par conséquent, l’échange de données se fait sous le format de fichier IFC. Or l’extraction des informations sous ce format standardisé peut générer des erreurs.

Votre cabinet a-t-il des projets pour évoluer dans le BIM ?

C.J. : La maquette 3D est désormais bien intégrée dans notre manière de travailler. Elle nous a permis de remporter l’an dernier une étude de projet dans le cadre de l’aménagement d’un quartier à Hœnheim et plus récemment, un concours à La Wantzenau. Nous comptons poursuivre dans cette voie, en nous formant dans le domaine du BIM-Management notamment. Nous souhaitons par ailleurs acquérir un logiciel de gestion de projets destiné à convertir la maquette 3D en pièces écrites techniques en phase PRO.

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