Retour d’expérience: « Avec le BIM, les processus métiers ont gagné en cohésion »

« Le BIM améliore indéniablement le processus global de conception et de réalisation au bénéfice de la qualité des ouvrages. »

Olivier Legonin, Sous-Directeur du Développement et de l’Habitat chez Habitat 76 revient sur son expérience avec le BIM.

Olivier Legonin – Sous-Directeur du Développement et de l’Habitat

Quelle est l’ampleur de l’activité d’un bailleur social comme Habitat 76 ?

Avec un patrimoine de 30 000 logements locatifs sociaux, Habitat 76 – Office Public du Département de la Seine-Maritime – est le premier bailleur social de la région Normandie. Au cours des dix dernières années, nous avons construit 3 600 logements, nous en avons réhabilité 10 000 autres et installé 32 000 mètres carrés de panneaux photovoltaïques.

Comment le numérique a-t-il fait évoluer vos métiers ?

L’innovation numérique a conduit notre établissement à déployer dès les années 1990, et de manière continue, des outils métiers performants afin de garantir une qualité de service auprès de toutes les parties prenantes. C’est dans le cadre de cette recherche permanente de solutions numériques efficientes que l’Office s’est lancé au début des années 2010 dans la mise en place d’un logiciel de gestion technique informatisé de patrimoine (GTIP) qui s’est conclu par l’acquisition en 2011 de la solution ABYLA compatible avec le standard IFC. Dès lors, il est apparu comme une évidence que l’outil GTIP devait automatiquement alimenter des résidences neuves. Cela a conduit la Direction Opérationnelle de la Maîtrise d’Ouvrage à expérimenter la réalisation de programmes de construction selon le processus BIM. Cette démarche a porté sur deux programmes de 50 et 53 logements, dont l’un a été consacré par le BIM d’Argent. Depuis, toutes les opérations de construction neuve en maîtrise d’ouvrage directe sont suivies selon le processus BIM ainsi que plus récemment les opérations de réhabilitation.

Quels sont les apports de la gestion patrimoniale en BIM chez Habitat 76 ?

Entre 2013 et 2015, avec la numérisation de l’intégralité du patrimoine et la création de la base de données patrimoniale sur ABYLA, la gestion du parc immobilier au sein de l’Office a fortement gagné en efficacité. La mise à disposition des données techniques, à la fois graphiques mais aussi alphanumériques – dimension, date du dernier renouvellement de composant, descriptif d’ouvrage… – a permis aux différents métiers d’accéder facilement aux informations utiles à l’accomplissement de leurs missions. Par ailleurs, les niveaux de précision et de détail permettent d’éviter les erreurs de quantité et de qualité, et donc les surcoûts associés. Enfin, à travers la capitalisation des connaissances techniques sur le patrimoine, l’approche technique de la programmation stratégique des travaux a gagné en objectivité.

Qu’est-ce qui vous a convaincu dans le BIM ?

Notre conviction en matière de BIM s’est fondée sur les bénéfices attendus : gain sur le calendrier global des opérations, notamment en phase de conception, fiabilisation du contrôle des livrables grâce aux outils numériques, amélioration des supports de communication – visites virtuelles immersives, planification 4D -, limitation des erreurs de conception et de réalisation grâce à une synthèse pluridisciplinaire des maquettes numériques, prise en gestion des ouvrages facilitée grâce au Dossier des Ouvrages Exécutés, accès à l’information technique plus rapide et plus efficace.

Quelles sont les méthodes et les outils mis en œuvre ?

Habitat 76 a, dans un premier temps, acquis des licences du logiciel BIM Solibri Model Checker et formé des chargés d’opération intervenant sur le développement du patrimoine. Compte tenu des résultats observés et de la dynamique créée avec les constructeurs, un BIM Manager a été recruté afin de structurer la démarche en interne et de préciser les attentes d’Habitat 76 en matière de BIM. Résultat : les processus métiers liés à la maîtrise d’ouvrage intègrent dès le début des études la dimension BIM à travers la comparaison des offres via les maquettes numériques, la mise en place de revues de maquette numérique aussi bien en phase de conception que de réalisation.

Quel est le premier bilan de cette numérisation de l’activité ?

Le BIM améliore indéniablement le processus global de conception et de réalisation au bénéfice de la qualité des ouvrages. Cela suppose néanmoins une évolution des modes de collaboration entre les différents acteurs pour une plus grande cohésion qui tranche avec les processus historiques très segmentés. Une stratégie d’accompagnement au changement durable doit être conduite pour amener l’ensemble des acteurs d’une part, à adhérer à cette nouvelle méthode de travail et d’autre part, à gagner en maturité sur la technologie associée. L’objectif est de faire en sorte que le BIM s’impose avec pragmatisme.