« Le BIM Gestion irrigue tous nos métiers » – Isabelle David, Ophéa
Inventorier, gérer et valoriser un patrimoine immobilier avec le digital : c’est la démarche engagée par le bailleur social strasbourgeois Ophéa converti avec succès au BIM Gestion.
Quels sont les enjeux du numérique chez Ophéa ?
Toute notre démarche est inspirée par le projet d’entreprise initié en 2017 et qui a clairement identifié le numérique comme un levier de développement. C’est un virage stratégique pour notre société, acteur majeur du logement social à l’échelle de l’Eurométropole : 473 collaborateurs, un parc de 20 000 logements et plus de 75 millions d’euros investis pour construire et réhabiliter le patrimoine.
Le principal défi porte sur l’intégration opérationnelle du numérique dans nos pratiques et nos métiers et la maximisation des gains générés par cette transformation en matière de qualité, de maîtrise des coûts, de délais, de productivité.
Vous insistez beaucoup sur la méthode et l’implication générale de l’entreprise…
Oui, car nous ne sommes pas dans un projet technique mais bien dans un véritable projet d’entreprise pensé en amont, doté de moyens et qui par ses aspects stratégiques et financiers implique la direction générale.
Il nous a donc fallu soigner la méthode car il n’y a pas de projet de numérisation réussi sans une bonne méthode d’organisation en amont puis de gestion du projet. Nous ne devons pas non plus oublier l’objectif poursuivi : doter Ophéa d’une image numérique fiable et dynamique de son patrimoine qui va s’insérer au cœur de ses différents processus métiers et s’intégrer au système informatique existant. Il ne s’agit pas d’une vision simpliste d’une maquette 3D déconnectée des besoins de gestion. Il faut donc anticiper les moyens et prévoir des procédures de mise à jour.
Qu’est-ce qui a déclenché le passage au BIM Gestion ?
Pour Ophéa, le BIM représente une vraie valeur ajoutée aux métiers et un outil stratégique qui nous permet d’améliorer la performance de tous les processus de l’entreprise.
Nous nous sommes engagés dans le BIM avec la volonté de créer une base de données patrimoniale qui renseigne sur tous nos processus : gestion locative, réhabilitation, intervention des gardiens, fonctionnement des chaufferies.
Avec le BIM, nous valorisons notre patrimoine, nous optimisons nos services et nous réduisons les coûts de gestion technique.
Quels sont les principaux apports d’une telle démarche ?
Nous passons d’une organisation en silo à un management plus transversal. La richesse du BIM, c’est d’apporter une vision globale du patrimoine et de pouvoir échanger avec les contraintes des uns et des autres.
Nous sommes dans une connaissance partagée de l’information. Et cela facilite le dialogue avec nos services et les équipes de maîtrise d’œuvre. À partir de cette base de connaissances, nous allons aussi développer des usages. Je pense notamment aux états des lieux mobiles réalisés par nos chargés de clientèle et nos chargés de travaux. Nous menons également une réflexion sur la réactualisation de nos prix moyens de marché. De même, en renseignant sur les caractéristiques des logements, le BIM simplifie la planification et le coût des travaux de réhabilitation.
Peut-on dire qu’une « culture BIM » s’est développée chez Ophéa ?
Le BIM Gestion constitue aujourd’hui une réalité opérationnelle qui irrigue tous nos métiers. Il nous conduit à mener un important travail sur nos méthodes de travail, à réécrire nos modes opératoires pour certaines missions comme l’état des lieux ou certains documents comme la fiche commerciale présentant le logement et ses caractéristiques.
C’est aussi un formidable levier d’évolution des compétences dans nos différents processus : patrimonial, comptabilité, commercial… Le service des systèmes d’information, qui pilote le BIM Gestion et les changements qu’il entraîne, doit cependant rester vigilant sur la traçabilité et la fiabilité des données partagées.
Vous avez dressé un premier bilan de la mise en œuvre du BIM Gestion ?
Nous tablons sur trois ans pour mesurer les premiers effets du BIM Gestion. Un premier bilan sera établi en 2020. Les études de notre assistant à maîtrise d’ouvrage Almadéa nous permettent néanmoins de faire quelques projections et d’esquisser des gains de productivité sur certaines opérations comme la recherche d’information patrimoniale, la remise en état d’un logement ou la gestion technique d’un logement. Et nous allons mettre en place en 2020 un Extranet fournisseurs pour élargir la mise à disposition de notre base de données patrimoniale et créer de l’interopérabilité.