Camille Simon, chef de projet Digital Deconstruction chez GreenFlex « Il faut réinventer les circuits courts de la matière »

Faire de la déconstruction une pratique courante à forte valeur ajoutée, faciliter l’émergence d’offres de réemploi de haute qualité : autant d’enjeux majeurs auxquels répond le projet Digital Deconstruction développé par GreenFlex. Camille Simon, chef de projet, nous en dit plus.

Comment se positionne GreenFlex ?

Nous accompagnons la transition environnementale des entreprises et des territoires en apportant conseil, assistance opérationnelle et financement. GreenFlex a une présence nationale et européenne et compte plus de 750 clients dans tous les secteurs d’activité, de l’industrie au retail en passant par les services, la logistique ou encore l’immobilier.

Dans le domaine du bâtiment en particulier, nous développons en France, aux côtés de 14 partenaires européens, le projet Digital Deconstruction, co-financé par le programme de coopération territoriale européenne Interreg du Nord-Ouest. Il s’inscrit dans un programme de coopération territoriale européenne et vise à élaborer des stratégies de déconstruction et de réemploi plus durables et plus économiques.

Quel est précisément l’apport de Digital Deconstruction pour booster le réemploi dans le bâtiment ?

Digital Deconstruction répond à des problématiques multiples :

  • L’épuisement des matières premières qui conduit à une hausse des prix des matériaux de construction
  • Une gestion approximative des déchets du BTP qui sont sources de pollution
  • Le poids carbone des matériaux et l’impact environnemental, social et carbone dû à l’extraction de ressources

Songez, par exemple, que 15 millions de m3 de bois sont utilisés chaque année pour la construction ou la rénovation des bâtiments en France. Il faut donc réinventer les circuits courts de la matière. Digital Deconstruction a un double objectif : faire de la déconstruction une pratique courante à forte valeur ajoutée et faciliter l’émergence d’offres de réemploi de haute qualité. Notre démarche s’articule autour de trois volets : en premier lieu, les échanges et la mise en commun des connaissances avec nos clients et partenaires à travers des hubs d’innovation notamment, ensuite le développement d’outils digitaux et d’une interface interactive pour mettre en lien ces différents outils, l’expérimentation enfin de ces méthodes sur des chantiers pilotes.

Nous travaillons ainsi avec la société Vilogia, un opérateur de logements sociaux, pour élaborer une stratégie de déconstruction en économie circulaire. Nous testons aussi une stratégie de réemploi des matériaux dans le cadre du chantier de réhabilitation de la Gare SNCF de Villeneuve-Saint-Georges, conduit par l’AREP et SNCF Gare & Connexions.

Du Scan 3D au BIM réversible, quels sont les outils numériques mis en œuvre ?

Nous avons intégré différentes briques digitales qui constituent un écosystème numérique destiné à faciliter le réemploi et le recyclage à haute valeur ajoutée des matériaux issus du bâtiment. Le scan 3D fournit un nuage de points des différents éléments du bâtiment. Le BIM réversible permet de connaître le potentiel de réemploi des éléments constitutifs du bâtiment. La blockchain offre une traçabilité des informations et la base de données matériaux renseigne l’analyse coûts-bénéfices des différentes stratégies de réemploi.

> Ces modules digitaux sont des outils d’aide à la décision. Ils sont développés dans le but de promouvoir le réemploi et de contribuer à sa diffusion massive en France et en Europe.

Quels sont les prochains défis pour GreenFlex et Digital Deconstruction ?

De nombreux freins mais aussi de nombreuses opportunités ont été identifiés lors des Hubs d’Innovation que nous organisons régulièrement. Je pense en particulier au renforcement du cadre réglementaire : élargir l’application du diagnostic produits-matériaux-déchets, faciliter l’assurabilité des matériaux de réemploi, améliorer la compétitivité de cette filière grâce à une fiscalité avantageuse.

Il faut également mobiliser davantage encore les maîtres d’ouvrage et maîtrises d’œuvre pour stimuler la demande en matériaux de réemploi.

Et enfin, optimiser l’offre en produits de réemploi pour en faire une alternative aussi qualitative que le recours aux matériaux neufs. Cela passe notamment par l’émergence de filières industrielles de réemploi et le déploiement d’outils digitaux pour mieux identifier, qualifier et piloter les gisements de matériaux.

Cet article a été élaboré à partir du contenu du Club BIM #27 : Le numérique au service de l’économie circulaire pour des bâtiments plus vertueux », ayant eu lieu sous forme de webinaire le 09 décembre 2021.

Source photos : Upcyclea, https://www.upcyclea.com/