Conduite d'opération en BIM : Habitation Moderne structure ses services sur la base d’une opération test
En l’espace de deux ans, le bailleur social s’est mis au diapason du BIM, afin de conduire des opérations en conception/construction, mais aussi de gérer son patrimoine bâti sur l’Eurométropole de Strasbourg.
Tout est parti d’une opération « test » conduite en BIM dans le quartier des Poteries dans la capitale alsacienne. Dans la foulée de cette première, Habitation Moderne s’est structuré de A à Z pour concevoir ses programmes de construction selon les principes de la maquette numérique. Le bailleur social strasbourgeois a aussi étendu cette méthodologie à la gestion de son patrimoine bâti.
Le choix d’expérimenter le BIM dans le cadre d’un programme neuf de 80 logements a été opéré il y a trois ans. Cette décision a impliqué de mobiliser une double expertise : un maître d’œuvre spécialisé, le cabinet DRLW Architectes, ainsi qu’une assistance à maîtrise d’ouvrage, le Pôle de compétitivité Fibres-Energivie.
La démarche d’Habitation Moderne a été poussée jusqu’à un niveau avancé, à savoir le niveau 2 du BIM. Au niveau 1, architecte, bureaux d’études, entreprises de travaux, échafaudent séparément des maquettes numériques 3D destinées à répondre à leurs propres besoins. Le niveau 2 implique d’engager un premier niveau de collaboration. En effet, les acteurs du projet avancent en simultané sur leurs modèles graphiques et les échangent via un format de fichier natif, IFC ou COBie. Charge au BIM manager de compiler, mutualiser et établir des rapports de synthèse. Ce partage va permettre de combiner tous les modèles dans une maquette unique.
Cette méthode nous a permis de visualiser en amont de la phase PRO d’éventuels clash ou conflits. Nous avons également pu agréger un maximum d’acteurs dès les phases APS et APD, ce qui limite le surcoût d’éventuelles modifications, expose Antoine Cavelier, le responsable BIM d’Habitation Moderne.
Pour le bailleur social strasbourgeois, l’horizon du BIM niveau 3 n’est toutefois pas encore d’actualité. Il implique en effet que les intervenants planchent de manière synchronisée sur une maquette unique intégrant l’ensemble des métiers et s’appuyant sur un serveur collaboratif distant. En raison des délais de livraison impartis, le BIM ne s’est pas prolongé au-delà de la phase PRO sur le programme des Poteries. Mais l’opération test dont la livraison est prévue fin 2019, a permis à l’entreprise de prendre conscience de l’importance d’une bonne définition de ses besoins et de la formation interne.
Ce projet test a poussé Habitation Moderne à aller plus loin et à engager une petite révolution interne :
Après un audit général de nos services, nous avons décidé de nous structurer en BIM en partenariat avec Fibres-Energivie. Le BIM devrait se généraliser d’ici cinq ans, nous ne voulions pas rester spectateurs de ce changement !
Habitation Moderne entend s’armer pour mener à bien à des chantiers en conception/construction, mais aussi gérer son patrimoine bâti de 10.000 logements. Objectif : réaliser une maintenance beaucoup plus fine dans le cadre de son plan pluriannuel d’entretien. Au total, le changement de prisme s’est déroulé sur deux ans, moyennant un investissement de 60.000 euros par an.
L’expertise du Pôle de compétitivité a permis de définir un planning, mais aussi une stratégie de développement. Antoine Cavelier a été nommé responsable BIM en janvier 2019 avec pour mission de déployer la démarche, de prendre en charge la formation des responsables de programmes et des chargés d’opération. Il anime également un comité technique BIM qui associe les techniciens des différents services (gestion locative, patrimoine, construction/développement et services informatiques), ainsi que le comité de pilotage BIM, l’organe décisionnel d’Habitation Moderne.
Acquisition d’une plateforme collaborative en BIM
Pour des questions de puissance informatique, la démarche de structuration a démarré sur le volet conception/construction. La rédaction d’une charte BIM, véritable bible d’Habitation Moderne définit les grands objectifs, les attentes d’Habitation Moderne, les aspects informatiques, la codification, etc. Elle sert de canevas à la rédaction d’une convention BIM par la maîtrise d’œuvre :
- Comment les parties prenantes s’organisent ?
- Quels logiciels utilisent-elles ?
- Que vérifie le BIM-manager ?
Chez le bailleur strasbourgeois, trois opérations sont actuellement engagées en conception selon ce mode opératoire.
D’une manière générale si nous maitrisons la conception en BIM, la phase chantier demeure plus compliquée à mettre en œuvre, dans la mesure où les PME n’ont pas toutes le même niveau de compétences. De plus, il ne serait pas sain que la méthodologie BIM ferme nos marchés à un certain nombre d’entre-elles.
Une des prochaines étapes d’Habitation Moderne porte sur l’acquisition d’une plateforme collaborative en BIM. Elle sera mise à disposition des différents intervenants lors des chantiers.
Quant à la démarche de gestion en BIM, elle a été déployée à partir du second semestre 2019. Celle-ci va se concrétiser par une première opération test en réhabilitation sur 410 logements dans le quartier du Neuhof à Strasbourg, dans la foulée de la numérisation des plans du bâtiment. L’avènement de la maquette numérique suscite cependant de nombreuses questions en termes de sécurisation des données. A ce titre, Habitation Moderne insiste sur l’importance de stocker ces nombreuses informations au caractère sensible sur des bases de données implantées sur notre territoire, pour des enjeux d’application du droit français.
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